Jeudi 5 mai 2011
Bin voilà notre première nuit passée à Panamá Ville, dans l'Océan Pacifique tant attendu. On vient (enfin) de quitter notre mouillage à Colón, pour retrouver un autre mouillage au Nord des petites Isla Naos et Isla Perico.
Le lendemain de notre arrivée à Colón, le 21 avril dernier, j'écrivais :
"Première nuit passée aux pieds du Canal de Panamá, le pays des containers.
Au mouillage, juste en face du port de commerce, pas loin de ce qu'ils appellent le "Club Nautico", avec une douce petite appellation de Yacht Club ; un coin sanitaire que personne n'ose utiliser ; un quai à gasoil, un autre point gasoil au mouillage qui livre par bidons, un peu moins cher et seulement quand le patron n'est pas là (!) ; un point d'eau ; un shipchandler qui ne vend que des rapalas & du matos de pêche ; un vigile avec un tel look qu'on ne peut pas le louper et qui nous demande un "pass" rien que pour sortir de l'enceinte privée du YC ; un resto qui n'ouvrira qu'après les fêtes de Pâques, doté d'un point wifi qui ne marche pas trop rapidement mais FaceTime & iChat passent tant bien que mal, et que l'on peut utiliser à bord suivant où l'on a jeté l'ancre ; un supermarché ouvert 24h/24 à 2 Km avec quelques magasins à touristes, ouverts seulement quand un paquebot est à quai ; quelques p'tits resto.
Le rêve ...
Enfin presque ...
Si l'on enlève cette perpétuelle odeur de gasoil ambiante, les moustiques qui s'en donnent à cœur joie et tout ce bruit et remu-ménage qui pourtant est calme vu que c'est fête & férié ...
Hier, dès notre arrivée, c'était "opération papelards", l'embarquement de Greg, puis le départ d'Alain, qui tout comme David, a presque couru pour ne pas rater son avion.
Tito nous a bien dépatouillé pour l'administration. Francisco nous a bien baladé dans son taxi, les dollars ont fondu de la poche aussi vite qu'ils y sont entrés, et nous on est bien fatigués car on n'a pas fini nos quarts de sommeil.
Bon là, vu le weekend de Pâques qui s'annonce, ça va être dur de faire avancer le shmilblik plus vite que la musique. Faut prendre son mal en patience. Lundi commence une nouvelle ère et l'on y verra un peu plus... Normalement..."
Depuis, tout s'est passé relativement doucement. Les informations, souvent contradictoires, sortent au compte goute. On réussi à se faire mesurer la longueur du bateau au deuxième déplacement sur le flat, passage obligatoire pour effectuer les formalités et passer le Canal. Faut pas se plaindre, ça nous a baladé. Puis le soir même, l'attente du verdict de notre sort pour la date du passage des écluses : le 8 mai ... puis deux jours plus tard on nous dit le 4 mai ... puis le lendemain c'est pour le 2 mai ... Ça va, ça évolue, souvent, et dans le bon sens, et c'est tant mieux car notre séjour a duré bien assez longtemps ici ...
À Shelter Marina, complètement à l'Ouest de la baie, on retrouve le confort d'une Marina, mais bien plus cher, nous nous contenterons de notre mouillage.
JOURS J
Notre jours J à nous, et bin le 2 mai, même si tant que le pilote qui nous accompagnera jusqu'au Lac Gatún, n'est pas à bord, rien n'est sûr et certain ...
15h30, rendez vous au flat. 17h30, approche du bateau pilote, et les trois voiliers que nous sommes au mouillage se voient aborder pour embarquer leur pilote respectif. Chouette, c'est parti, et ce n'est pas une blague cette fois ci.
C'est Franckly qui nous guidera jusqu'en haut des premières écluses, il est bien sympa, et dès son arrivée, la joie est à bord, car ça y est, c'est notre tour...
Mauriscio, l'un de nos deux handliners qui nous manquaient pour composer l'équipage de 5 personnes obligatoires pour le passage du canal, est déjà passé huit fois par ces écluses. Il guide son collègue qui fait sa grande première.
Et c'est donc au soleil couchant que nous entrons dans le fameux Canal de Panamá, un monocoque à couple sur tribord, un catamaran sur l'autre bord. Nous au milieu, en faite, on va jouer du moteur et de la barre. Nos voisins, eux, ne les utiliseront qu'en cas de besoin. Par contre, c'est eux qui s'occupent de récupérer les toulinnes et jouer des amarres lors de la montée des eaux. Donc en faites, on est un peu peinards quand même à bord ... Et ça nous permet de bien avoir le temps de profiter du spectacle ... C'est pas cool ça ?!?!
Le cargo qui nous accompagne dans les écluses est amarré devant nous. Son remorqueur attitré également. C'est à notre tour. Il faut bien viser car nous sommes large comme 3 bateaux, mais le temps est calme, et 6 paires d'yeux par voiliers veillent à ce que tout se passe bien. Ça fait du monde, ça cause dans tous les sens et dans toutes les langues, Français chez nous, Espagnol & Anglais pour les pilotes et handliners, Américains & Hollandais chez nos voisins.
Les toulinnes tombent, les amarres s'accrochent et se hissent jusqu'en haut de ces murs que nous allons gravir, les portes se ferment sur l'Atlantique, et l'eau commence à affluer en un courant monstre ! Tout va très vite, ils ne perdent pas de temps, d'autres cargos arrivent déjà pour prendre notre place ...
Avec le courant qui doit bien atteindre 5 nœuds, les handliners donnent de leur personne alors que nous montons relativement vite malgré la taille impressionnante de cette écluse.
Nous, maintenant que nous avons le moteur au point mort, nous avons un peu plus de temps, alors, Greg, qui est la partie "relationnelle" du bord, discute à droite, à gauche, avec les autres bateaux. Costa et moi, on se relaye entre la barre et l'appareil photo... Dur dur les écluses !...!
On de retrouve en haut très facilement. Les portes devant s'ouvrent. La deuxième écluse est juste là et le cargo commence déjà à avancer pour s'y placer. Ça va bientôt être notre tour de changer de place et comme depuis le début, les mannœuvres de passent dans le calme malgré le brouhaha ambiant.
Deux autres montées du même type plus tard, les portes de la dernière écluse s'ouvrent sur l'eau douce du Lac Gatún. Il est 21h00, il fait nuit noire de chez noire. On se détache de nos deux comparses, et l'on fonce quelque part dans le noir, là où il fait encore plus noir, et surtout là où Franckly nous dit d'aller.
La zone de mouillage, non marquée sur mes cartes électroniques, s'approche et l'on peut apercevoir trois voiliers sur les deux énormes corps-morts à disposition. On s'amarre et on se met à couple les uns aux autres. Ça, on commence à avoir l'habitude...
L'ambiance est à la joie plus qu'à la fatigue malgré cette journée bien fournie. Chez nos voisins, que l'on distingue à peine dans ce noir (de chez noir), c'est pareil, vu la chaleur, tout le monde est dans le cockpit et ça discute à tout va dans la joie et la bonne humeur, et dans toutes les langues encore une foi.
Mais il ne faut pas se laisser aller, notre pilote qui vient de débarquer avec son doggy bag, revient demain matin de super bonheur, alors zou, on boit un ti coup (avec modération, c'est le fil rouge de ce voyage ça !), on s'mange le KFC qu'on s'est pris en prévision à Colón, et au lit ! Enfin moi j'me prend une douche quand même avant ... Hein les gars !?!?!?! Par 36 degrés à l'ombre, 90% d'humidité ambiante et une journée pas toute calme, ça se mérite !...!
Bon, à cinq à bord, on est un peu plus à l'étroit que d'habitude mais ça passe ... tout juste. Il ne faut surtout pas qu'il pleuve quoi !...!
NUIT EN EAU DOUCE
Au petit matin, après une courte nuit toute calme, au silence juste percé des cris des singes hurleurs qui habitent la région, le bateau-pilote arrive juste après qu'on ai eu le temps de se préparer nos petites boissons chaudes du matin. C'est pas du timing ça ?
Quatre pilotes débarquent pour six voiliers ... Zéro pour nous ...
Les ordres commencent à affluer, les moteurs démarrent, les amarres se larguent, et nous, nous restons plantés là, sans pilote, à regarder nos ex-voisins d'une nuit partir ...
Tout s'est passé très vite, 5 minutes tout au plus et l'on a un peu trop rien compris dans la cacophonie, juste qu'il nous faut appeler notre agent (Tito) pour plus d'explications.
Il s'avère, après moultes coups de téléphone, que dans cette organisation très rocambolesque qu'est le Canal de Panamá, nous n'avons pas de pilote aujourd'hui car nous sommes programmé pour finir le passage des écluses seulement demain ...
Donc ... Bin ... On attend ... Avec l'interdiction de naviguer, ni d'aller à terre, et il est très fortement déconseillé de se baigner, malgré cette chaleur accablante, sous peine de se voir raccourcir les jambes par l'un des crocodiles qui habitent la région ...
Vers 8h00, après avoir ravalé notre déception, commence le va-et-vient des camions du chantier de l'agrandissement du Canal. J'ai calculé (j'ai eu le temps), au plus fort, c'est plus d'une quarantaine de camions qui passent dans les deux sens en moins d'une seule minute ... Ça commence à en faire des tas de gravas qui sont déplacés ! Et ce, le jours, comme la nuit ... Nous avons eu de la chance, hier, à notre arrivée de tomber sur un jours férié pour apprécier le calme de la région car maintenant c'est fini !...!
Bon, malgré les quelques menus travaux que nous avons à faire sur My Way, nous décidons d'une journée farniente. Alors chacun vaque à ses occupations, lecture, sieste, film, ordi, jeux, douche, douche, douche, et douche.
En milieu de soirée, nos futurs voisins arrivent. Un énorme Bénéteau Américain se met sur le même corps-mort que nous. À peine la manœuvre finie, zoup, ils sont tous rentrés se mettre au frais de leur climatisation, et moi, j'ai pu apprécier le doux ronronnement et l'agréable parfum du pot d'échappement de leur groupe électrogène qui crachait quasiment dans le hublot de ma cabine ...
ET ON REDESCEND
6h30, ça y est, notre pilote est à bord... Et c'est parti !! Aujourd'hui c'est Moïse qui nous guidera. Habituellement il traverse des cargos, mais ses jours de congé, il veut bien s'occuper des p'tits comme nous. Il nous demande d'avancer à 5 nœuds, pas plus, car nous ne sommes pas attendu dans les écluses avant 11h30, donc on avance tranquillement, rien ne presse.
La première partie, réservée aux petites embarcations, se fait loin des cargos, et au milieu de tout un tas d'îlots qui étaient le sommet de monts et collines, juste avant l'inondation de la région pour agrandir le Lac Gatùn et créer le passage que nous empruntons. C'est assez jolie, entre brousse et mangrove. Dommage, vraiment dommage que le tourisme ne soit pas autorisé dans cette zone. Ils perdent quelque chose car une ou deux petites marinas, quelques mouillages, et ici serait un haut lieu de passage pour les plaisanciers tellement c'est charmant et dépaysent pour nous, Marins des Mers.
La terre se referme sur nous maintenant, on sort du lac et le canal ressemble à un canal. Nous rejoignions les cargos que nous croisons de près. Mais il y a la place sans problème. Ca me rappelle que j'étais beaucoup plus à l'étroit dans les Water Way de la côte Est Américaine lors des passages des péniches commerciales.
11h30, nous sommes devant les premières portes des écluses qui vont nous faire redescendre au niveau de la Mer. On fait quelques ronds dans l'eau histoire de créer un peu de retard dans notre timing impeccable. Histoire également d'apercevoir un crocodile qui fait trempette. Puis vient le moment de se mettre à couple de notre seul et unique acolyte d'écluse, le Bénéteau de la nuit dernière. Plus grand que nous, il s'occupera de nous propulser avec son moteur. Nous on équilibrera au cas où. Par contre, nous aurons à jouer des amarres aujourd'hui. Nos deux handlinners s'en occuperons, et nous, bin c'est un peu pépère ... On ne fait que veiller au bon déroulement des manœuvres et on profite du moment ...
Bon, la descente, c'est un peu comme la montée d'avant hier soir, sauf qu'on descend !...! Il n'y a pas ce courant monstre par contre, donc c'est quand même plus facile aux amarres.
Petit changement tout de même, on a demandé à ce que la webcam soit dirigée vers nous cette fois ci, et donc bin tout le monde, avec son téléphone collé à l'oreille, fait son grand "coucou" en espérant être vu.
La troisième et dernière écluse s'ouvre. Ça y est, nous sommes dans l'Océan Pacifique, pour l'instant encore bien boueux, mais nous y sommes et tout le monde pousse un hourra de soulagement. Les écluses se sont bien passées, fini le tracas administratif, devant nous, on retrouve notre liberté après ces 15 jours en captivité après cette étape aussi bien sympathique qu'éprouvante ...
Reste plus qu'à se désacoupler de notre voisin d'écluses ; qu'à débarquer notre pilote qui vient se faire chercher dans les 10 minutes qui suivent ; et déposer nos 2 handliners au quai gazoil de Balboa. Tout se passe rapidement, ils sont pressés car ils doivent rentrer en bus jusque Colòn et ce, avec nos 4 haussières de 45 mètres louées chez Tito. D'ailleurs il vient de nous appeler au téléphone, pour nous quémander 100 $US de plus, car nos 2 handliners n'ont rien pour rentrer, et pour accuser le coup de notre journée forcée sur le Lac Gatùn...
Bon, maintenant que nous nous retrouvons seuls, nous pouvons enfin rejoindre notre mouillage, à Flamingo Bay, sous un grain de court passage, à slalomer entre thoniers, chalutiers et cargos au mouillage.
La vue de dégage peu à peu, et Panamá City se dévoile sous nos yeux. C'est quand même sympa tous ces gratte-ciel, vu de loin, et vu de la Mer.
Par contre, attention de ce coté là du pays, il y a presque 6 mètres de marée ! Il faut faire gaffe !! Mais AyeTides m'informe rapidement, couplé à iNavX, ça passe facilement. Décidément, j'adore mon iPhone ...
Et très vite, nous voilà accroché au fond par notre ancre, l'annexe à l'eau, ordi dans le dos, à arpenter le complexe touristique des 3 petites îles qui sont devenues presqu'îles à la force de l'homme, à la recherche d'un p'tit endroit où se poser, boire un coup, et peut être même manger un bout. Bon, ce n'est pas bien difficile à trouver, ce n'est que des restaurant ici, car on est sur la Côte d'Azur du pays ... Les tarifs ont un peu augmentés d'ailleurs, bizarre non ?!
Dans les quelques jours qui suivent, s'enchainent :
- la fin de la paperasserie administrative Panaméene avec le dur rendez-vous à prendre avec Tito et le Douanier.
- l'avitaillement dans le super-super-marché du coin. Il nous fallait un seau, je crois que j'ai monté 5 ou 6 étages pour trouver le rayon bazar ... Attention, le stock de bouteille d'eau n'est pas forcément renouvelé tous les jours ...
- le tour habituel des shipchandlers, qui sont pas trop mal équipé mais très orientés bateau à moteur de pêche au gros. Normal, vu la quantité qui envahi les 2 marinas du coin.
- et l'inévitable tour au magasin duty free ... Tabac, chocolat et iPod Shuffle pour moi !? Merci !
À dans un mois aux Marquises,
Grosse bizzzzz à tous & gros bizouxx à toi.
TIMAE BB