vendredi 17 juin 2011

Longue route du Pacifique

38 jours de Mer pour presque 4300 Milles parcourus depuis Panamá City jusque la Baie de Tahauku sur Hiva-Oa dans les Îles Marquises.
Je sens facilement que je vais vous fatiguer à vous raconter chaque moment passé à bord, surtout que je viens de vous envoyer une tartine sur Panamá, alors pour faire plus simple, je vais synthétiser tout ce beau voyage.
Donc on a levé l'ancre par un beau lundi 9 mai 2011, vers 11h00 du matin, sous un grain, qui se transforme en pluie, puis en orage. Les éclairs nous entourent autant que les cargos au mouillage, et certains ne tombent vraiment pas loin dans un bruit assourdissant. L'A.I.S. nous a bien servi dans cette purée de pois, mais il nous a quand même manqué un bon parapluie...
Cap au Sud, le long de la côte Ouest du Golf de Panamá, au moteur les 2 premiers jours, avec un bon petit courant pour nous aider. On commence à revoir nos estimations avec cette moyenne fulgurante. La désillusion n'arrive qu'avec le Vent. Au prés serré, tirant des bords carrés contre le courant de Humbolt qui nous repousse toujours et sans cesse pas loin de là où nous étions la veille. Le Sud ne veut pas de nous et le Pot au Noir a du mal à être franchi. Qu'à cela ne tienne, on oublie cette route, on ne regarde plus notre chemin parcouru jusque là, cap à l'Ouest. Et puis ça va être le moyen de sortir de cette pluie que l'on se coltinne depuis bientôt une semaine maintenant. Faut dire que dehors il pleut, et que dedans, il fuit. Pas cool. Il faut tout planquer, étancher, vérifier sans cesse si rien d'important ne prend l'eau, mais l'on ne peut éviter les draps mouillés, les penderies humides, nos vestes de quart qui ne sèchent pas, et la baignade de l'ordi de nav' ... Fatal pour lui, même après un démontage et un séchage en règle. Donc c'est un peu pour cela que vous n'avez pas eu de news plus souvent car on a plus d'ordi à brancher au téléphone satellite. Et vu que le driver de la prise RS232 du bord bug sur mon MacBook démarré sous XP ... Les mystères windosiens n'arrangent pas les choses. Vivement que je change de matos, ras le bol du menu "démarrer" ...
Alors nous y voilà, bâbord amure, au prés, puis au travers, pour passer grand-largue et finir Vent arrière au fil des jours de cette longue navigation sans escale aux Galapagos. Dommage pour le tourisme, mais chaque jour où My Way avance est un jour qui nous rapproche de l'arrivée...
Mais c'est quand même super frustrant : voir les îles s'élever sur l'eau dès le petit jour, passer à moins d'un quart de Mille des côtes et regarder les lumières s'éloigner dans la nuit. Oui, c'est frustrant !...! Mais c'est comme ça, on travaille nous ici, on ne plaisance pas !
Frustrance n*2 : le passage de l'Équateur, dans la nuit qui a suivi, juste pendant mon quart de repos. Réveillé 10 minutes après le changement d'hémisphère, je n'ai pas pû jouer avec le compteur des latitudes qui défilent vers le Sud, ni pu prendre The photo emblématique du GPS, ni même apercevoir cette fameuse ligne pointillée qui traverse la planète. Alors zou ! Retour sur la banquette du carré du bas, ma couchette quoi, et demain je vérifierais si l'eau qui s'évacue tourne dans l'autre sens dans les toilettes ! Et oui, dans les wc, car dans les éviers, ça fait déjà un bon bout de temps qu'il n'y a plus d'eau aux robinets. C'est la pompe qui ne marche plus, encore une fois !...!...! Comme en Atlantique ! Et en Caraïbes d'ailleurs ... Bon, bin nous voilà plus lourd d'1 tonne d'eau inutile que nous avons eu bien du mal à remplir avec nos bidons de 20 litres ...
Et puis la suite c'est un enchainement :
- De levé de Soleil, de couché de Lune, et vise & versa.
- De la magnifique conjoncture de Jupiter, Venus, Mercure, Mars et la Lune qui s'alignent pour de montrer toutes à nous en fin de nuit.
- De passages nuageux, du beau temps, de la pétole, de la brise avec une Mer creuse de 4 à 5 mètres par moment.
- D'une éclipse solaire ratée 10000 Km près.
- D'un courant d'Est qui nous pousse de 10 à 30 Milles par jours (et heureusement).
- De la visite pour quelques heures à notre bord de Gertrude la Mouette et René le Fou (pas de Bassan).
- Des batailles infernales que livrent les Frégates (pirates) pour voler la maigre pêche aux autres oiseaux.
- Du double salto arrière de deux Raie Manta.
- De quelques chorégraphies mémorables de Dauphins et des sauts impressionnants pour certains qui nous montrent leur ventre rose.
- D'un ou deux tour de ronde de Requins.
- De la vue au loin de quelques Baleines.
- De la sérénade nocturne de Cricri, notre grillon, ramené tout droit du Nicaragua on suppose, dans un sac de Greg.
- Des poissons volants de toutes tailles, s'envolant par dizaine de dizaine, certains s'échouant sur le pont, d'autres sautant carrément par dessus le bateau ; et de leur cousin les calamars, rougeâtres, volants eux aussi, qui nous ont fait quasiment le même spectacle, surtout en début de parcours.
- Des parties de chasse effrénées des Dorade Coryphène que l'on a pû voir passer à toute vitesse juste à la surface de l'eau, toute de jaune vêtue, et aussi vert, bleu, gris, ...
- De ce froid qui nous a bien attrapé dès le départ et nous a bien suivi les 20 jours suivant, rebutant toutes douches sur le pont.
- De ces coquillages qui ont envahi la carène et qui ralentissent notre vitesse fulgurante malgré un grattage en bon et dû forme la veille du départ. Sans compter les algues, qui sont même montées jusque 1 mètre au dessus de la ligne de flottaison ...
Les derniers jours furent quand même de plus en plus durs. Un mélange de joie d'arriver, de voir autre chose que le cockpit et le carré de moins en moins confortables pour nos corps qui commencent à en avoir marre de rouler et se cogner partout, mais un gros besoin d'une douche chaude, d'un repas sans pâtes, ni riz ou boite de conserve, et de changer du bleu.
Envie de ne plus barrer également ... Vu que le groupe électrogène est dérangé par le gasoil de Colòn, il ne démarre plus ... On est puni sans trop trop d'électricité à bord.
En parlant de punition, on a eu droit à notre voie d'eau, nous condamnant à nos 60 coups de pompe manuelle, à donner toutes les heures, pendant au moins 15 jours... Sous peine de voir les fonds se remplir d'eau. Après vérification de tout, on croyait aux fuites "naturelles" du pont en bois vu qu'on passe pas mal de temps sous l'eau. Mais le fautif fût le presse-étoupe, tout bêtement, mais il se cachait bien de nous montrer sa fuite. Du coup, il nous a grillé notre pompe électrique tout neuve de Guadeloupe. La prochaine fois, je le resserre directement, et après je chercherais ailleurs ...
Pour finir, et bin c'est pétole les derniers 300 Milles. Un peu de voiles nous obligeant à tirer dans le Sud pour avancer quand même un peu. Et moteur la nuit quand ça mollit dur de dur pour rattraper le coup. C'est notre escale Marquisienne qui va en prendre un coup et si l'on arrive à se poser 24 heures, ce sera déjà beau vu le timing qu'impose les prochains événements... On repart pour Punaauia à Tahiti pour récupérer Arnaud et Bruno.
Alors excusez moi si je ne m'attarde pas trop devant le wifi, mais après l'opération paperasserie, gazoil, avitaillement, grosse douche, petit resto, je crois que je vais aller me dégourdir les jambes ...
À bientôt tout le monde, bonne fin de printemps.
Bizzzz à tous et bizoux à toi. TMMD+E+ TIMAE

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